Un héritage culturel exceptionnel

L’essor de la commune de Cap d’Ail date du début du 20ème siècle. Elle a accueilli des personnages illustres comme les Frères Lumière, Colette, la famille impériale de Russie, Sacha Guitry, Lord Beaverbrook, Greta Garbo, André Malraux durant quelques mois, ou encore Winston Churchill, qui en est d’ailleurs le maire honoraire.

Située à la porte de la Principauté, la ville jouit aujourd’hui d’une situation privilégiée et d’infrastructures modernes sur un site magnifique entre mer et montagne.

Un peu d’histoire

L’histoire de Cap d’Ail est étroitement liée à celle de sa tour dite “Sarrazine”.

Ainsi, pour mieux comprendre l’évolution du territoire de notre commune au fil des années, depuis l’époque romaine jusqu’à aujourd’hui, l’on peut commencer par étudier les différentes fonctions de la tour Sarrazine.

51 avenue du 3 septembre

Qualifiée de divers noms dans les plans anciens comme “Abaglio”, “Abeglio”, “Abeillo” (Dieu de la Gaulle Antique), “Castel d’abeigl”, cette tour qui porte aujourd’hui le nom de “Tour Sarrazine”, constitue l’un des hauts symboles de la commune puisque son histoire est directement liée à celle du territoire de Cap d’Ail.

Une origine étymologique complexe commune

Dans plusieurs cas le nom de “Abei” est associé à “roc” ou “roche”, ou à “mont”. On peut alors penser à une relation avec le mot “veille” – “veglio” -, d’où l’explication possible “lieu de veille sur un point haut”.

Elle reflète une architecture défensive, d’où l’association aux “abeilles » – symbole de force, de travail et de défense-, puis le contre-sens qui en est découlé “abaglio”/”abiglia” (et autres dérivés) qui signifie “ruche”/”abeille” en dialecte local turbiasque, alors que son histoire est bien plus ancienne.

Nota: au pied de la Tour Sarrazine, au droit de la propriété de l’AMAPEI située à côté du Cap Fleuri, a été  apposée sur le mur de soutènement une plaque ainsi libellée: « Ancien poste de garde de la Principauté de Monaco ».

Cette plaque a été apposée le 24 août 1997 dans le cadre de la célébration des 700 ans de la dynastie des Grimaldi en présence de S.A.S. le Prince héréditaire Albert de Monaco, du Maire et du Conseil Municipal de la commune de Cap d’Ail.

Une histoire commune

L’histoire de Cap d’Ail commence avec l’occupation des peuplades Ligures du sommet de l’Agel jusqu’au rivage.
Viennent ensuite les navigateurs Grecs, puis Phéniciens, qui importent avec eux la légende du Dieu Melkart-Hercule-Apollon. Cette légende persistera après eux : le dieu Melkart étant appelé “Abellio” par les Ligures de la montagne, apparaissent les dérivés “Abeglia”, “Abeigl”…

Juste avant l’époque romaine, Nice et son comté sont des colonies de la Phocéenne Marseille. Puis, Nice devient la métropole locale des Grecs répandus sur le pourtour littoral de Monaco à Antibes.

À l’époque romaine :
Selon un document du CNAM, il y aurait eu sur le littoral méditerranéen 3000 tours. En supposant que les romains aient établi un réseau de communication le long de la Via Julia, en fonction des éléments de toponymie et des relevés effectués sur place, on peut imaginer le réseau intérieur entre Vintimille et Carros.

Le réseau littoral comporte la Tour Sarrazine de Cap d’Ail (reconnue sur place ou d’après les cartes anciennes),  la tour de Bose à Beaulieu-sur-Mer, la tour Saint Hospice à Saint-Jean-Cap-Ferrat, la tour à l’ouest du Cap Ferrat, la tour du Mont Boron, la tour du Château de la Tour à Nice, la tour Saint Elme (Tour Bellanda), la tour de la Ville, la tour Saint Laurent, la tour Martini, la tour de Serre, etc…

Nota : La ruine d’une deuxième Tour existe également à Cap d’Ail, dans une propriété privée du quartier du Bautugan.

Au XIIIème siècle :
Les Génois arrivent dans le comté de Nice et à Monaco. Commence alors une guerre des frontières, qui prendra fin avec l’accord de 1760. La Tour Sarrazine fait alors office de poste de garde.

Un traité de l’an 1300 montre que Charles II, souverain de Provence et de Naples, s’engageait à remettre la tour aux Gibelins, maîtres du pouvoir à Gênes, pour payer leur concours dans sa guerre contre la dynastie d’Aragon. Mais, les Guelfes tinrent bon et il fallut un siège pour les déloger.

Dans son manuel (page 234, note 35), Charles André Fighiera indique : « les feux de garde étaient déjà prévus au XIIIème siècle, notamment à la Turbie, Eze et Nice.” (Archives  départementales des Bouches du Rhône, série B, reg.4).

Remarque : dès 1078, des documents font mention du “domaine de La Turbia” disputé par les Guelfes et les Gibelins de Gênes rivaux pour le Rocher de Monaco.

Aux XIVème et XVème siècles :
La Turbie, dont dépend Cap d’Ail, devient savoisienne. Des guetteurs sont mis en place sur la Tour.
Un acte de 1407, signé du Comte de Savoie, désigne le rivage entre Eze et Monaco sous le nom de « Caput Dalphini ».

Notons qu’aux XIIIème, XIVème et XVème siècles on parle de « CAU D’AIL », que le professeur André Compan traduit par “le Cap en forme de faux” (dans sa thèse sur l’anthroponymie provençale en 1975).

Au XVIème siècle :
Selon Antoine Fighera (dans son mémoire traduit par Hervé  Barelli), la tour devient un réel sémaphore. Il écrit : « le Mont Boron, haute colline rocheuse et inféconde, a à son sommet une tour de la Garde qui reçoit les avis et les signaux qu’on fait d’Antibes et du Cap Roux avec des feux, et elle, avec des feux , donne également des signaux à la Turbie et à Monaco ».

La Tour est utilisée dans le système de communication de la rade de Villefranche-sur-Mer.

Au XVIIème siècle :
Monaco récupère le territoire de La Turbie et ses terres :

  • 1602 : la limite de territoire est fixée et “Cavo d’Aglio” apparaît sur les cartes.
    André COMPAN analyse ce terme comme ceux de “l’ayga” ou de “l’agalh” : l’eau.
    On sait qu’il y a énormément de sources et d’endroits humides sur la commune, d’où notamment le nom du lieu évocateur des « Pissarelles », il serait donc logique que Cap d’Ail soit tout simplement le « Cap de l’eau », celle-ci venant sur ce lieu à la fois de la terre et de la mer.
  • 1614 : la principauté de Monaco positionne des gardes-champêtres sur la tour de “Cavo d’Aglio”.
    Dans son mémoire, Antoine Fighera précise qu’en septembre 1637 : «  nous sommes allés à la tour du Mont Boron pour voir si de là-haut on ne verrait pas le château  et les environs de Monaco, et la tour du Bautugan, et la tour d’Abagio qu’on appelle la forteresse d’Abeglio, et la tour lointaine qu’on voit des Sailles  et puis de Cap d’Ail”

Au XVIIIème siècle :

  • 1705 : le Roi Louis XIV sépare La Turbie et ses dépendances, dont Cavo d’Aglio, du Comté de Nice afin de l’unir à Monaco.

Remarque : dans un document de la guerre de succession d’Autriche (1744 à 1748 pour le comté de Nice) est décrit le système de fumées (le jour), ou de feux (la nuit), à utiliser pour communiquer entre différents points à l’est de Nice.

Rappel : la mort de Charles VI d’Autriche, le 26 octobre 1740, fut à l’origine de la guerre de succession d’Autriche, dite aussi de la pragmatique sanction, qui se termina par le traité d’Aix la Chapelle en octobre 1748. Cette guerre donna lieu à des opérations en divers lieux d’Europe et, en ce qui concerne les Alpes, en Savoie, en Dauphiné, dans le comté de Nice et en Provence.

Pour le comté de Nice les troupes qui s’affrontèrent furent les suivantes : les Austro-sardes, auxquels étaient alliés les Anglais, et, dans l’autre camp, les Gallispans (Français et Espagnols).
Dans les deux camps, les alliances étaient fragiles car les buts de guerre des différents états n’étaient pas exactement les mêmes. La France voulait surtout affaiblir la maison d’Autriche et les espagnols espéraient se voir attribuer des territoires en Italie.

  • 1760 : les limites entre La Turbie et Monaco sont établies par la signature d’un accord entre Honoré III, Prince de Monaco, et le Roi de Sardaigne. Une convention est signée concernant les moulins pâturages et eaux de sources qui se trouvent d’un côté ou l’autre des frontières.

Fin du XIXème siècle :

  • 1860 : rattachement de La Turbie et Cap d’Ail au territoire français.
  • 1860-1868 : construction de la ligne de chemin de fer entre Nice et Monaco.
  • 1883 : construction de la Basse Corniche (avenue du 3 Septembre).
  • 1906 : Cap d’Ail devient autonome. Détachement de la commune de La Turbie.

Source Internet : www.archeo-alpi-maritimi.com
Bibliographie : Barelli Hervé – Nice et son Comté 1590-1680. Témoignages récits et mémoires. Éditions “Mémoires millénaires”, 2012 ; André Franco – La Turbie ; étude de Denis Torel sur Cap d’Ail et la Tour – pour le bulletin municipal Cap d’Aillois de décembre 1988.

Le patrimoine architectural

Accessibles au public ou privées, nombreuses sont les villas cap d’ailloises à avoir accueilli des hôtes célèbres et qui représentent avec brio l’architecture Belle Époque du début du 20ème siècle. Elles contribuent ainsi à inscrire la ville au premier plan du patrimoine architectural de la Côte d’Azur. Cet inventaire ne saurait être exhaustif, mais recense la plupart des villas et bâtis remarquables, ainsi que d’autres monuments, à l’instar de l’Église Notre-Dame du Cap Fleuri, construite au début du siècle précédent.

Les bâtiments ouverts au public

Les bâtiments ouverts au public

Les autres villas et bâtis remarquables

Les autres villas remarquables

Sources Internet :
www.archeo-alpi-maritimi.com
www.culture.gouv.fr

Bibliographies :
Barelli Hervé – Nice et son Comté 1590-1680  Témoignages récits et mémoires, éditions mémoires millénaires 2012
André Franco – La Turbie
Étude de Denis TOREL sur Cap d’Ail et la Tour – pour le bulletin municipal de Cap d’Ail déc. 1988
Fiches « FLOHIC », Le patrimoine des communes des Alpes-Maritimes – Edition 2000 – FLOHIC
Recensement du patrimoine balnéaire, réalisé en 1996 par la DRAC, Région Provence-Alpes-Côte d’Azur – Direction Culture et Patrimoine – Service de l’Inventaire général du patrimoine culturel
Inventaire général du patrimoine culturel, © Inventaire général, Région Provence-Alpes-Côte d’Azur ; © Conseil général des Alpes-Maritimes, dernière mise à jour en 2008.